Des mots et des choses

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Parce qu’il est devenu urgent de laisser la place aux idées, Mouvements et l’hebdomadaire Politis, associés pour la circonstance, lancent un vaste débat sur les questions qui fâchent à gauche. La gauche doit-elle se définir comme « anticapitaliste » ou « antilibérale », ou encore « anti-néolibérale » ? Est-elle pour l’économie de marché, pour une économie administrée, pour un système mixte ? Peut-elle envisager que les missions de service public soient confiées au privé ? Considère-t-elle que la croissance est en soi réactionnaire ? Comment concilie-t-elle le droit au travail et une société du temps libre ? Un système fiscal peut-il permettre de redistribuer les richesses ? Comment la gauche se situe-t-elle par rapport au nucléaire ? Souhaite-t-elle un protectionnisme européen ? Quelle politique de l’immigration ? Voilà quelques-unes des questions – parmi d’autres – que nous avons choisi de poser à partir de cette semaine à des intellectuels engagés, des universitaires, des militants qui ont bien voulu prendre la plume pour nous. Leurs réponses ou leurs réflexions seront publiées pour une grande partie dans Politis et sur son site, et en totalité sur le site de Mouvements. En espérant que ce travail de co-publication – qui se prolongera au moins deux mois – suscitera réponses et débats. Pour Daniel Bensaïd, l’antilibéralisme est au mieux un signifiant flottant désignant un front du refus qui irait de la gauche révolutionnaire au pacifisme théologique.

L’antilibéralisme est un vaste titre. Aussi vaste et pluriel que les libéralismes eux-mêmes. Il enveloppe la gamme des résistances à la contre-réforme libérale apparues depuis l’insurrection zapatiste de 1994, les grèves de l’hiver 1995 et les manifestations altermondialistes de 1999 à Seattle. Il exprime un grand refus social et moral qui n’est pas (encore ?) parvenu à se doter de stratégies politiques réellement alternatives. Mis en scène à l’échelle planétaire par les forums sociaux, popularisé par les livres imprécateurs de Viviane Forrester ou de Naomi Klein, il est le moment – nécessaire sans aucun doute – du négatif : « Le monde n’est pas une marchandise, le monde n’est pas à vendre… » Un autre monde est nécessaire, mais lequel ? Et surtout : comment le rendre possible ?

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Documents joints

  1. Voir le témoignage éclairé de Jean Peyrelevade, Le Capitalisme total, Seuil, 2005.
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