Marx productiviste impitoyable ? Marx écologiste de la première heure ? Qu’on entende le rendre responsable du productivisme bureaucratique et de ses catastrophes ou, au contraire, le laver de cette accusation et le verdir à point, on trouvera chez Marx tout ce qu’il faut de petites phrases pour nourrir la plaidoirie.
Sa théorie a pourtant une cohérence (donnée par la logique du Capital) trop souvent incomprise. Elle n’est cependant pas homogène (des textes de jeunesse aux notes sur Wagner) au point d’interdire des stratégies de lecture divergentes. À l’épreuve de nos interrogations actuelles, des potentialités étouffées par le lourd édifice des vulgarisations didactiques sont susceptibles de renaître.
Ainsi, est-il sans doute anachronique d’abstraire Marx de l’optimisme technologique et des illusions prométhéennes de son temps. Il est tout aussi abusif d’en faire un chantre insouciant de l’industrialisation à outrance et du progrès à sens unique. Il ne faut pas confondre, à ce propos, les questions qu’il a laissées ouvertes et les réponses apportées plus tard par l’orthodoxie positiviste des épigones sociaux-démocrates ou staliniens. Sur ce point comme sur d’autres, le triomphe de la contre-révolution bureaucratique en URSS marque une rupture. Avec Vernadsky, Gause, Kasharov, Stanchinsky, une écologie pionnière se dessinait, qui aurait pu s’intégrer aux promesses de « transformation du mode de vie » des années vingt. En 1931, le congrès international de l’histoire des sciences et de la technologie témoignait de sa richesse. Dès 1933, Stanchinsky était emprisonné, son aventure brisée, ses idées bannies des universités soviétiques.
Les dates sont significatives : les raisons de cette réaction n’ont rien de mystérieux.
Une écologie critique devenait incompatible avec les délires productivistes de la collectivisation forcée et de l’industrialisation accélérée, comme avec la frénésie stakhanoviste des années trente.
Elle aurait conduit à penser le développement de l’économie soviétique dans les contraintes de son environnement mondial, au moment même où les idéologues du régime inventaient « la construction du socialisme dans un seul pays ».
Elle aurait exigé de véritables choix démocratiques sur les priorités et le mode de croissance, en contradiction absolue avec la confiscation du pouvoir et la cristallisation des privilèges.
Enfin une certaine idée d’interdépendance entre l’homme et la nature, une conscience de sa double détermination, sociale et naturelle, aurait heurté de front le volontarisme bureaucratique qui, par une sinistre ironie, faisait de l’homme le « capital le plus précieux ».
L’écologie socialiste naissante a connu le sort de l’art nouveau, de l’urbanisme, de la pédagogie d’avant-garde. Il n’était plus question désormais de changer la vie, ni même d’en changer les conditions et la qualité, mais de « rattraper et dépasser » les performances du capitalisme lui-même, selon la maxime compétitive du productivisme industriel et sportif. Il faut traverser à rebours ces couches de sédiments idéologiques pour renouer le dialogue théorique, convaincu que les interrogations les plus récentes permettront de comprendre autrement celles d’hier et de reprendre des pistes naguère abandonnées.
Événements écologiques et commensurabilité
Les événements écologiques relèvent de la longue, voire de la très longue, durée. Au point de rendre incertaine la possibilité d’une commune mesure entre leur registre temporel et celui de l’échange social dans un mode de production déterminé.
Conscient de cette incommensurabilité, J.-B. Say se résignait à abandonner les ressources naturelles dans un au-delà inaccessible à la rationalité économique : « Les richesses naturelles, écrivait-il, sont inépuisables car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques. » Son raisonnement est circulaire : si les richesses naturelles sont gratuites, c’est qu’elles ne sont pas rares ; si elles ne sont pas rares, elles sont inépuisables ; ergo : les richesses dites naturelles ne sont pas des richesses économiques.
Say présuppose une idée reçue de l’économie conçue comme la gestion de ressources rares. Or, sa notion de gratuité est une catégorie économique (liée à l’échange de biens limités) exportée sans précautions dans la sphère « extra-économique » (selon sa propre définition) de la richesse naturelle. Ce qui est réputé économiquement gratuit, dans les limites d’un mode de production déterminé, peut-il encore l’être à une autre échelle spatio-temporelle ? La querelle entre l’écologie et l’économie (telle du moins que l’entend l’économie classique et néoclassique) renvoie au divorce entre deux temporalités à première vue hétérogènes : celle, économique, rythmée par la reproduction du capital et de la force de travail ; celle, écologique, régie par le stockage et la dépense d’énergie, qui est aussi du temps emmagasiné.
Dès 1840, les sciences et les techniques se passionnaient pour leurs conséquences. Sans parvenir à calculer en termes de flux d’énergie et sans prendre en compte le coût énergétique des fertilisants, Liebig cherchait néanmoins le passage prometteur entre une agriculture d’exploitation et une agriculture de restitution. Il devenait déjà possible de déterminer la part d’énergie solaire transformée en carbone par les plantes. Dès le début des années 1880, Podolinski s’efforçait d’introduire le problème de l’énergie dans la critique de l’économie politique. Dans sa brochure de 1885 enfin, Sur les réserves énergétiques et leur utilisation au service de l’humanité, Clausius sonnait l’alarme à propos de la question du charbon : « Nous consommons ces réserves dès maintenant et nous nous comportons comme des héritiers prodigues. »
Les découvertes concernant la transformation et la dissipation de l’énergie n’ont pourtant guère eu de répercussions immédiates sur la théorie économique. Les obstacles à une critique de l’écologie politique étaient considérables. L’essor du capitalisme favorisait la division du travail et la montée en puissance de la raison instrumentale. L’économie apologétique s’orientait vers une rationalisation confinée à un horizon marchand supposé éternel. L’expansion spatiale de l’accumulation capitaliste permettait de desserrer les contraintes temporelles les plus immédiates. En pleine période de conquêtes impérialistes, il n’était pas question de se tracasser avec les équations morales d’un échange écologiquement inégal.
Une critique de l’écologie politique n’eut donc été concevable qu’en rapport avec l’approfondissement de la critique de l’économie politique. Malheureusement, la diffusion du marxisme parallèlement à l’essor du mouvement ouvrier de masse se faisait sur la base d’une interprétation majoritairement positiviste et scientiste. Rares furent ceux, comme Sorel, à mettre en garde contre les « illusions du progrès ». De même que, pour les autorités théoriques de la IIe Internationale comme pour J.-B. Say, la nature était là « gratis », de même les contrées offertes à la conquête impérialiste étaient perçues comme des sources commodes de matières premières… avant de devenir des décharges à déchets toxiques.
Le capital vit au jour le jour, dans l’immédiateté de la jouissance et l’égoïsme sans lendemain. L’écologie politique rend, contre sa prétention à l’éternité, un impitoyable verdict. Face aux idées reçues du fétichisme marchand, elle peut constituer un redoutable anti-mythe. Ainsi, le marché ne satisfait pas les besoins, mais la demande. Ainsi, le monétaire n’est pas le réel, mais sa représentation fantastique. Ainsi, l’utilité collective n’est pas réductible à une somme d’utilités individuelles. Ainsi l’économique n’implique pas nécessairement le social et les profits du jour ne sont pas les emplois du lendemain. Ainsi, enfin, la sphère de l’économie marchande n’équivaut pas à la biosphère : elle n’est jamais qu’une petite bulle dont la rationalité partielle fonctionne au détriment de l’ensemble.
Le réductionnisme marchand considère et entend faire croire que les flux réels et monétaires, s’échangeant les uns contre les autres, obéissent à une même logique. Il suffirait d’internaliser le coût social de la dépense écologique pour rétablir l’harmonie de la régulation marchande, ce qui présuppose compatibles l’optimisation marchande et la reproduction du milieu naturel. « Le malheur, objecte René Passet, est que la sphère économique et la biosphère n’ont jamais fonctionné selon la même logique, et que si l’on pouvait ignorer ce fait aussi longtemps que la première ne menaçait pas l’existence de la seconde, il n’en va plus de même aujourd’hui : dans les rythmes naturels se déroulant et s’harmonisant sur des millénaires (et parfois des millions d’années), la gestion économique introduit la rupture des maximisations brèves, rupture dont les effets ne se feront sentir que sur les générations à venir1. »
Une telle critique implique la recherche de principes de mesure non marchands, c’est-à-dire considéré comme étrangers au domaine convenu d’une économie automate, sans conscience politique ni scrupule social. Il s’agit donc de réintriquer l’économie dans une totalité de déterminations écologiques et sociales. Sans supprimer l’information monétaire, des critères de mesure non monétaires, tels que les bilans-matières et les bilans énergétiques, fourniraient des informations d’un autre type superbement ignorées par la seule rationalité marchande.
La réintrication de l’économique dans un ensemble écosocial exigerait ainsi ce que René Passet appelle une gestion normative sous contrainte. Autrement dit, un choix civique déterminé par les besoins et inscrit dans le temps long devrait prévaloir sur les automatismes marchands. Bien évidemment, la notion même de gestion normative ne manquera pas de réveiller la crainte de la planification bureaucratique. C’est d’ailleurs l’un des principaux griefs libéraux contre l’écologie radicale : en s’opposant aux effets de la concurrence aveugle elle renouerait avec de vieux fantasmes de planification totalitaire. La gestion écologique normative court en effet le même risque que la planification socialiste. Elle peut prendre la forme d’un nouvel autoritarisme technocratique ou celle d’une planification autogestionnaire et démocratique à inventer.
Pourtant, René Passet est parfaitement logique. La prévision à long terme, l’économie de ressources non renouvelables, la définition d’un nouveau mode de consommation impliquent un bouleversement du mode de production même et sont incompatibles avec la dictature de critères marchands à court terme. Seule une démocratie politique radicale pourrait introduire un moyen terme entre des sphères à première vue sans commune mesure. Car tel est bien le cœur de la question : « Le fait fondamental que l’économie écologique fait valoir contre l’économie orthodoxe n’est autre que l’incommensurabilité. Nous sommes incapables d’assigner aux biens que nous consommons des valeurs monétaires tenant compte des coûts écologiques actualisés2. » Ces coûts, souvent perceptibles qu’à long, voire à très long terme, devront être évalués par des générations auxquelles nous ne pouvons attribuer nos priorités et nos critères de jugement.
Comment dès lors les comptabiliser aujourd’hui, selon des instruments de mesure qui, loin d’être des étalons fixes, varient eux-mêmes avec le temps ? Certains ont carrément répondu que la commensurabilité n’existait pas. Elle ne saurait en effet exister sur le terrain étriqué de l’économie politique. La critique écologique de l’économie politique renforce ainsi sa critique sociale : elle met à nu la relativité historique de son statut et de sa rationalité. Georgescu-Roegen ne se contente pas de souligner la partialité du point de vue économique. Il dévoile son incapacité (déjà relevée par H. Grossmann) à penser autrement qu’en termes d’équilibre. Cette impuissance porte la marque d’une épistémologie mécaniste datée à laquelle l’économie analytique est restée fidèle.
Limites de l’économie politique
Selon Joan Martinez-Alier, en soulignant les limites de l’économie politique, la critique écologique désigne du même coup deux faiblesses de la théorie de Marx.
« Le point de vue écologique met en cause la notion de forces productives, mais ne propose pas de nouvelle théorie de la valeur économique. » L’écologie aurait permis de dégager une définition plus adéquate du concept de forces productives, en lui fournissant une « claire référence empirique ». À défaut, une acception non critique de cette notion aurait nourri les chimères d’un « communisme d’abondance », où le joker de l’abondance permettait d’escamoter sans les résoudre les contradictions de la distribution et le problème d’une information non monétaire.
Martinez-Alier perd cependant de vue la spécificité de la démarche conceptuelle de Marx. Ce dernier ne donne jamais une définition définitive des forces productives. Leur contenu semble parfois relever de l’énumération descriptive, incluant aussi bien les matières premières, les équipements techniques, l’organisation du travail, que le développement du savoir scientifique et les conditions institutionnelles de sa production. C’est que Marx procède comme Hegel, non par définition, mais par déterminations successives. Comme les classes sociales ou le travail productif, les forces productives n’ont pas le même contenu ni la même signification, selon qu’on les considère au sens large, commun à différents modes de production, ou au sens spécifique au mode de production capitaliste.
Ainsi, productives du point de vue du capital, ces forces peuvent parfaitement se révéler destructrices pour l’avenir de l’humanité. Au fur et à mesure qu’on s’élève des déterminations les plus abstraites des forces productives (naturelles, technologiques) vers les déterminations les plus concrètes (incluant le rapport social de travail, la production et l’application des connaissances scientifiques, etc.), la contradiction n’est plus seulement une contradiction externe entre forces productives et rapports de production. Elle se niche au cœur même des forces productives et met en jeu des notions telles que croissance et développement.
Comme le relevait Henri Lefebvre, il est des croissances sans développement, où l’essor quantitatif de la raison instrumentale divorce de ses finalités sociales. L’idée d’une transformation des forces potentiellement productives en des forces effectivement destructrices dans un autre registre temporel est sans conteste plus féconde que le schéma mécaniste de la contradiction entre forces productives et rapports de production qui les entravent. Elle a en outre l’avantage d’ouvrir la voie à une élaboration critique du concept même de progrès, en tant que progrès différencié (selon une formule d’Ernst Bloch) opposé à l’abstraction unilatérale dont se nourrissent les illusions du progrès.
« Nous, économistes écologistes, ne proposons pas une nouvelle théorie de la valeur : nous contestons la commensurabilité, que ce soit en termes de prix, de calories, ou de temps de production3. » Il arrive pourtant à Joan Martinez-Alier de considérer aussi le calcul énergétique comme une contribution aux critiques des théories de la valeur. Tout en affirmant l’incommensurabilité, donc l’existence de temporalités hétérogènes les unes aux autres, Martinez-Alier hésite à en tirer les conséquences logiques. La théorie de la valeur-travail est une critique de l’économie politique immanente à son objet. Elle ne prétend pas fonder une nouvelle science économique, mais demeure un savoir négatif, une critique appelée à s’éteindre dans le dépassement de son objet spécifique, l’économie en tant que sphère séparée.
La critique écologique, en termes de bilans-matière ou énergie, exige au contraire un changement de terrain, une sortie du champ clos de l’économie politique vers le point de vue de la biosphère. Elle se situe donc sur un autre plan logique et relève d’une autre rationalité que la théorie de la valeur, qu’elle ne saurait dès lors prétendre invalider. Méthodologiquement cruciale, cette question renvoie au désormais célèbre rendez-vous manqué entre les intuitions fécondes de Podolinski et la théorie de Marx.
Pour ce dernier, la reproduction sociale élargie (qui revêt, dans le mode de production capitaliste, la forme de l’accumulation du capital) renvoie à la prodigieuse capacité qu’a la force de travail de fonctionner au-delà du temps socialement nécessaire à sa propre reproduction. Il ne cherche pas à élucider ce mystère. Podolinski croit au contraire en trouver la clef dans la constance du flux solaire et dans les lois de distribution de l’énergie. Car l’homme « peut augmenter la quantité d’énergie solaire accumulée sur la terre et diminuer la quantité dispersée », notamment en améliorant l’agriculture et la productivité biologique de la nature. Ainsi, chaque calorie de travail dépensée pour cultiver un hectare de prairie artificielle en aurait restitué une quarantaine à l’époque de ses travaux.
Tout en considérant toujours la pauvreté comme un phénomène social produit par l’inégalité et le gaspillage, et sans s’engager dans la discussion sur la différence entre systèmes ouverts et fermés (pas plus que dans celle sur le rapport éventuel entre thermodynamique et sélection naturelle), Podolinski avance l’hypothèse de deux processus énergétiques concurrents, celui des végétaux qui accumulent l’énergie par photosynthèse et celui des animaux qui la dissipent. Participant du processus animal de déstockage, l’homme aurait la capacité, par son travail utile, de modifier l’équilibre entre production et accumulation d’énergie. Ainsi, la force de travail et son exploitation seraient bien à l’origine de la survaleur dans un rapport social déterminé, mais elle n’en constituerait pas pour autant la source ultime : le travail n’agirait en dernière instance que comme convertisseur d’énergie et le surproduit social proviendrait en dernière instance du déstockage des énergies végétales et fossiles.
Dans sa lettre à Marx du 8 avril 1880, Podolinski présente sa démarche comme « une tentative d’harmoniser le surtravail et les théories physiques actuelles ». Les processus économiques sont ainsi réexaminés d’un point de vue thermodynamique. Si l’on accepte le principe de conservation de l’énergie, le travail humain ne saurait rien tirer du néant, mais seulement modifier des flux d’énergie pour les adapter aux besoins. Les êtres vivants seraient donc les agents d’un équilibre précaire entre accumulation et dissipation de l’énergie solaire absorbée par le « cycle de la vie ». Podolinski s’oriente ainsi vers une détermination énergétique de la productivité du travail. Convaincu que l’être humain « a la capacité de transformer un cinquième de l’énergie accumulée par assimilation d’aliments en énergie musculaire », il qualifie ce rapport de coefficient économique et en conclut que le corps humain est un convertisseur d’énergie plus performant que la machine à vapeur. À condition que le travail ait une productivité énergétique au moins égale au coefficient économique, il pourrait accumuler une quantité d’énergie plus grande que celle dépensée pour la survie. Là résiderait la base matérielle première de toute société.
Les méfiances et réticences d’Engels envers ces propositions sont souvent sous-estimées. Sa mauvaise réputation de positiviste et de scientiste joue contre lui. Pourtant, ses objections vont à rencontre d’un modèle scientifique triomphant. Elles sont essentiellement de deux ordres :
– Épistémologique d’abord. Dans le droit fil de sa polémique contre le matérialisme vulgaire de Büchner ou de Moleschott, il reproche à Podolinski d’avoir voulu « trouver une nouvelle preuve scientifique de la justesse du socialisme ». Ce qui se joue et se décide dans la lutte des classes n’est jamais réductible à une querelle d’experts, qu’ils interviennent pour plaider l’innocence de la technique ou pour fonder scientifiquement une politique écologique. En outre, si Marx a bien annoncé à plusieurs reprises la vocation des sciences sociales et naturelles, à faire « une seule science » historique, Engels se refuse à mêler la physique et l’économie, à confondre les notions de forces spécifiques à l’une et à l’autre, bref à appliquer à la société la théorie des sciences de la nature.
– Idéologique ensuite. Les succès de la thermodynamique et l’énoncé des lois de Clausius sur l’entropie éveillaient alors des spéculations mystiques autour de la « mort thermique ». Parallèlement, l’essor du darwinisme social réactualisait l’héritage de Malthus sur les limites naturelles. Contre ce qu’il considère comme des dérives apocalyptiques, Engels s’acharne donc à défendre la permanence de la substance matérielle et la stricte conservation de l’énergie. La quantité de mouvement dans l’univers étant constante, la dissipation de l’énergie n’est selon lui que l’expression d’une limite provisoire de la connaissance. L’énergie apparemment perdue finira bien par être retrouvée : « Le cycle n’est pas refermé et il ne le sera pas jusqu’à ce qu’on ait découvert comment la chaleur rayonnée redevient utilisable. » À la thermodynamique suspectée de créationnisme, Engels réplique donc par un credo cosmologique sur l’éternité de la matière et la rigoureuse conservation de l’énergie. Il viole par là sa propre recommandation de n’admettre la validité de nos connaissances que relativement à leur champ spécifique d’application : « Toute notre physique, notre chimie et notre biologie officielles sont exclusivement géocentriques, prévues seulement pour la Terre. » Le respect de ce principe aurait dû le conduire à admettre les lois de Clausius à l’échelle de ce système, sans spéculer sur une éventuelle récupération de l’énergie dissipée à l’échelle d’un macrosystème aux lois (encore) inconnues.
L’universalisation effective de la production et la globalisation croissante des rapports de l’homme à la nature peuvent faire regretter que les réserves d’Engels aient durablement détourné la théorie marxiste de pistes prometteuses. Certaines de ses objections méthodologiques n’ont pourtant pas perdu leur pertinence. Alors qu’on lui reproche généralement (ainsi qu’à Marx) d’avoir ignoré les contraintes naturelles au nom d’une socialisation intégrale de la nature, son refus de confondre sciences naturelles et critique sociale témoigne plutôt de la conviction que cette tendance est loin d’être consommée.
En attendant, il est possible de concevoir l’articulation de rationalités distinctes sans pour autant les confondre, comme semble le faire André Gorz lorsqu’il suggère un fondement environnemental à la baisse tendancielle du taux de profit. On peut en effet imaginer que le rendement décroissant ou l’épuisement relatif de ressources naturelles se traduise par une élévation de la composition organique du capital. Mais l’effet environnemental ne ferait pas irruption directement dans les tendances spécifiques à l’accumulation capitaliste. Il s’exprimerait par la médiation de ses catégories conceptuelles spécifiques : composition organique du capital, survaleur, taux de profit moyen, dans la formation duquel il est difficilement concevable d’introduire directement les bilans énergétiques. L’incommensurabilité dont il a été question n’est pas absolue. Elle n’en est pas moins effective dans le cadre du mode de production capitaliste et témoigne par là même de ses limites historiques.
Un critère de mesure « misérable »
Dans une page magnifique des Grundrisse, Marx fait preuve d’une étonnante capacité d’anticipation théorique. À mesure que se développe la production industrielle, que se complexifie l’organisation du travail, que le travail lui-même incorpore davantage de savoir social accumulé, la création de la richesse entretient un rapport de plus en plus lointain avec le temps de travail immédiatement dépensé pour la produire. Elle dépend du niveau général de la science et du progrès de la technologie : « La richesse réelle se manifeste plutôt dans l’extraordinaire disproportion entre le temps de travail utilisé et son produit, tout comme dans la discordance qualitative entre un travail réduit à une pure abstraction et la force du procès de production qu’il contrôle. » Le travailleur vivant devient de plus en plus étranger au travail même. Il est rejeté à côté du procès de production au lieu d’être son agent essentiel.
La conséquence explosive de cette transformation, c’est que la mesure même de toute richesse (et par conséquent la commune mesure de tout le rapport social qui lie entre eux des travaux isolés et parcellaires) devient dérisoire et « misérable » : « Le vol du temps de travail d’autrui sur lequel repose la richesse actuelle apparaît comme une base misérable comparée à celle nouvellement développée, qui a été créée par la grande industrie elle-même. Dès lors que le travail sous sa forme immédiate a cessé d’être la grande source de la richesse, le temps de travail cesse nécessairement d’être sa mesure et par suite la valeur d’échange d’être la mesure de la valeur d’usage […]. D’un côté donc, (le capital) donne vie à toutes les puissances de la science et de la nature, comme à celles de la combinaison et de la communication sociales pour rendre la création de richesse indépendante (relativement) du temps de travail qui y est affecté. De l’autre côté, il veut mesurer au temps de travail ces gigantesques forces sociales ainsi créées et les emprisonner dans les limites qui sont requises pour conserver comme valeur la valeur déjà créée. » Cette base misérable porte en elle l’incommensurabilité et le dérèglement général, tant des rapports des hommes entre eux que de leur rapport à la nature.
Nous y sommes ! Le chômage structurel massif, le sous-emploi et la marginalité généralisés, les exclusions sociales à l’échelle planétaire manifestent de façon éclatante l’inadéquation du temps de travail en tant que mesure générale des « gigantesques forces sociales ». La critique écologique peut ajouter à ce diagnostic que le temps de travail se révèle a fortiori une unité de mesure « misérable » pour régler les échanges entre l’homme et la nature ou pour établir un rapport de solidarité entre générations. Autrement dit, s’il est périlleux de confondre purement et simplement les temporalités et les critères propres de l’économie et de l’écologie, de fusionner leurs champs de connaissance interdépendants, mais spécifiques, elles peuvent se rejoindre dans une critique commune de l’incommensurabilité, dans la compréhension de la crise généralisée de la mesure par le temps de travail, et dans l’exigence d’une autre régulation du rapport social. Si l’on parvient à établir un lien logique, organique, non formel, entre les métamorphoses du travail, le gaspillage accéléré de la force de travail, et les grands paramètres de la crise écologique planétaire, cette rencontre peut devenir le point de départ d’une nouvelle alliance théorique.
Revisiter Marx peut y contribuer davantage qu’on ne l’imagine souvent. À la différence des socialistes vulgaires qu’il n’a cessé de combattre, il ne considère pas que la nature est là « gratis ». Il conçoit le rapport de production, indissociablement, comme un rapport des hommes à la nature et des hommes entre eux. L’irréductibilité du vivant ne s’abolit pas dans la socialisation de la nature. Ainsi, « la première prémisse de toute l’histoire humaine, c’est bien sûr l’existence d’êtres humains vivants individuels ». Sur ce point, Marx n’a guère varié. Dès les Manuscrits de 1844, il présente la nature comme « le corps inorganique de l’homme ». Bien plus tard, la formule (du Capital et de la Critique du programme de Gotha), selon laquelle le travail est le père des richesses matérielles et la nature leur mère, n’est pas jetée au hasard.
De bout en bout, l’homme ne cesse d’être compris en tant qu’être naturel humain : « L’homme est immédiatement être de la nature. En qualité d’être naturel et d’être naturel vivant, il est, d’une part, pourvu de forces naturelles, de forces vitales […]. D’autre part, en qualité d’être naturel en chair et en os, sensible, objectif, il est pareillement aux animaux et aux plantes un être passif, dépendant et limité 4… »
Cette approche du jeune Marx amorce le long parcours de la critique de l’économie politique. Ultérieurement, elle s’atténue sans disparaître avec la liquidation de la vieille conscience philosophique. L’appartenance de l’homme à la nature, ou, plus exactement, son « être naturel », signifie qu’il est d’abord pourvu de forces vitales. Ce qui devient, dans le procès social de production, force de travail est donc, originellement, force vitale. Par-delà la détermination sociale de la force de travail, cette détermination naturelle se rappelle à l’homme dans l’expérience même de sa finitude et de sa dépendance. La dépendance s’exprime dans le besoin naturel, point de départ de tout le système des besoins. La finitude humaine ne cesse en effet de se rappeler par le manque, à commencer par la faim et la soif, inextinguibles revendications du corps qui force l’esprit à avouer sa misérable condition matérielle.
Mais Marx relève l’ange déjà prêt à faire la bête. L’être naturel est un « être naturel humain ». Une fois encore, dans cette humanité, la détermination naturelle se nie sans s’abolir. Le fétichisme de la marchandise ne se contente pas de muer les rapports humains en choses, il dégrade aussi le naturel en « bestial ». Cette négation radicale de l’homme en l’homme appelle donc une restauration de sa naturalité comme condition de son émancipation historique. C’est pourquoi, après avoir affirmé l’identité de l’humanisme et d’un naturalisme conséquent, le jeune Marx envisage le communisme tout simplement comme un « naturalisme achevé ».
Cette problématique évolue au fur et à mesure que s’élabore la critique de l’économie politique. Mais elle ne cesse de dévoiler l’économie comme un champ de rationalité parcellaire à l’autonomie illusoire. La capacité de l’homme vivant à produire du surtravail renvoie en dernière analyse à un fait extra-économique : « Le seul fait extra-économique, c’est que l’homme n’a pas besoin de tout son temps pour produire des articles de première nécessité, et qu’il dispose de temps libre au-delà du temps de travail nécessaire à sa subsistance, si bien qu’il peut éventuellement effectuer un surtravail5. » Marx insiste avec une remarquable constance sur cette exubérance du travail vivant, dont l’impétuosité déborde le calcul économique et fait éclater le corset de sa mesure.
Ces développements posent le problème du concept de nature et de ses variations chez Marx. Son aversion précoce pour le naturalisme romantique et ses mythologies douteuses a suffi à de nombreux exégètes pressés pour lui imputer une sorte de cartésianisme productiviste au carré, une volonté débridée de possession et de domination de la nature. Certaines interprétations, comme celle de Lukacs, réduisant la nature à une catégorie sociale, ont pu apporter de l’eau à leur moulin.
Alfred Schmidt est pourtant plus convaincant quand il s’attache à démontrer au contraire que la nature n’est pas réductible chez Marx à une catégorie sociale et que le travail porte toujours la marque de l’irruption douloureuse de la vie dans la non-vie : du « tourment de la matière6 » Dès les textes de jeunesse, il développe en effet une conception non mécanique de la matière, dont les références remontent jusqu’à Jacob Böhme. Comme chez Hegel, la mécanique et les mathématiques ne sont chez lui que des moments du mouvement dont la totalité concrète implique une logique du vivant. Les termes d’élan, d’esprit vital, de force, de tension renvoient à une telle représentation.
La nature ne saurait alors être en extériorité inerte et subordonnée à l’humain. Pas plus que l’homme ne saurait s’ériger en sujet dominateur. En réalité, l’opposition (aujourd’hui contestée sous l’impulsion de la réflexion écologiste) entre sujets de droit et objets de connaissance est d’emblée étrangère à l’unité dialectique du sujet et de l’objet. C’est pourquoi il ne saurait être question d’internaliser une nature abstraitement exclue de la sphère culturelle. Il n’est pas sans intérêt de noter à ce propos que les « objets hybrides » (à la fois forces naturelles et sociales) ou la compréhension de « la science comme rapport social » rejoignent une préoccupation inaugurée par les Thèses sur Feuerbach et leur commun rejet du matérialisme passif et de l’activisme mystique : les catégories pratiques de Marx sont déjà et toujours des « hybrides » de matière et de connaissance. C’est d’ailleurs en quoi lui non plus n’a jamais été moderne7. L’option des Thèses sur Feuerbach conduit logiquement, dix ans plus tard, aux développements des Grundrisse8.
Dans son unité contradictoire avec la valeur d’usage, la valeur d’échange permet une prise de distance (un déracinement, dit Marx) envers la nature et ses contraintes. Le moment de la production se subordonne à celui du commerce, devenu médiation nécessaire entre des productions immédiatement hétéronomes et indépendantes. L’agriculture qui s’émancipe de ses régulations naturelles pour tomber sous la loi implacable de la production marchande, au risque explicitement dénoncé de l’épuisement des sols. On peut seulement regretter avec Ted Benton que Marx n’ait pas généralisé cette compréhension au sort des matières premières, de l’énergie, ou de l’environnement9. Il faut cependant rappeler à sa décharge la part encore déterminante de l’agriculture dans les pays les plus développés de son temps, ainsi que les limites de l’industrialisation, et surtout de l’expansion impérialiste. La « production de survaleur relative » et la chasse aux gains de productivité n’impliquent pas seulement un élargissement constant de la sphère de la production et une fuite en avant productiviste, mais aussi un élargissement simultané proportionnel de la sphère de la circulation et une métamorphose permanente des besoins. En effet, la croissance géométrique de la production ne peut être absorbée par la seule extension quantitative de la consommation. Elle pousse donc à la production de nouveaux besoins et à la découverte et création de nouvelles valeurs d’usage. Cette analyse fournit une anticipation perspicace de la logique du capital et de la société dite de consommation.
Ce tourbillon où production et circulation s’entraînent mutuellement dans une ronde infernale a pour conséquence « l’exploitation de la nature entière ». Le terme d’exploitation n’a pas nécessairement ici un sens péjoratif par analogie avec l’exploitation de la force de travail. Il décrit en effet un dynamisme fécond poussant à la recherche de nouvelles qualités utiles dans les choses et à l’universalisation des besoins (donc de l’humanité elle-même) par-delà les barrières naturelles et les particularités climatiques. Il en résulte une curiosité insatiable, une recherche fébrile de nouvelles possibilités dans la matière et, par conséquent, un essor sans précédent de la science et des besoins sociaux eux-mêmes.
L’application à la nature de la notion d’exploitation ne saurait pour autant être fortuite. Elle signale une contradiction et suggère des voies vite oubliées par l’orthodoxie positiviste, avec lesquelles Walter Benjamin devait renouer au moment du plus grand danger qui aiguise le sens théorique : « Tel qu’on le conçoit à présent, le travail vise à l’exploitation de la nature, exploitation qu’avec une naïve suffisance on oppose à celle du prolétariat […]. À l’idée corrompue de travail correspond l’idée complémentaire d’une nature qui, selon la formule de Dietzgen, est là gratis. » Ces conceptions complémentaires du travail et de la nature s’opposent terme à terme à ce que « les produits du travail servent le travailleur » et à un travail qui, « loin d’exploiter la nature », serait en mesure de « faire naître d’elle les créations virtuelles qui sommeillent en son sein10 ». Un travail qui, préciserait Marx, ne serait plus alors une activité contrainte, plus vraiment un travail, mais une libre activité créatrice.
Sous le joug du capital, la formation d’un système d’exploitation universelle des propriétés naturelles et humaines implique un procès de désacralisation de la nature qui prend la forme aliénée du désenchantement. Marx ne manifeste cependant aucune nostalgie passéiste du vieux monde « enchanté ». Pour lui, le capital contribue seulement à jeter les bases d’une sécularisation radicale de l’existence humaine tout en substituant aux anciennes mystiques la moderne fantasmagorie de la marchandise. Au lieu d’approfondir les implications de la réification et du fétichisme (et les contradictions qui en résultent quant à une notion de progrès dont il dénonce par ailleurs l’abstraction), il s’enthousiasme unilatéralement pour les vertus civilisatrices du capital qui réduirait la nature à un pur objet pour l’homme et à une pure affaire d’utilité. Ni ange vert ni démon productiviste, Marx campe dans la contradiction.
L’un des principaux indices de civilisation réside clairement pour lui dans le degré d’universalisation effective. Or, la tendance à créer un marché mondial propre à la loi de la valeur bouscule les barrières étriquées des préjugés nationaux et semble devoir en finir avec la divinisation d’une nature hypostasiée. Mais l’indice d’un développement réel ne réside pas dans l’expansion quantitative de la production ni dans la soumission passive de la nature, mais dans l’extension et la diversification des besoins. Car l’homme n’est pas, face à la nature, une essence intemporelle, mais l’unité de ses propres besoins, dans un rapport d’échange réciproque avec son milieu naturel comme avec son milieu social. Le développement quantitatif et qualitatif des besoins est donc un enrichissement de sa personnalité tant générique qu’individuelle.
Marx ne tombe pas pour autant dans une apologie aveugle du progrès capitaliste. Si le développement du système des besoins signifie un enrichissement en puissance de sa personnalité, la détermination concrète de ces besoins par la contrainte du capital, par le travail aliéné et par la réification marchande en fait aussitôt des besoins mutilés. Ainsi, la désacralisation de la nature n’esquisse un geste émancipateur que pour retomber aussitôt sous la tyrannie de nouveaux fétiches. L’universalisation en question demeure une universalisation tronquée, qui ne cesse de se nier en se heurtant aux barrières du capital devenu à lui-même sa propre limite.
La critique marxiste de l’économie politique ne prétend donc pas fonder une science générale de l’économie. Refusant de remplacer la logique de la chose par la chose de la logique, elle se veut avant tout critique du capital. À ce titre, elle ne saurait prétendre épuiser les contraintes des déterminations naturelles et en finir avec le tourment de la matière. La critique écologique prise au sérieux est pour sa part rigoureusement incompatible avec les raisonnements analytiques et l’individualisme méthodologique aujourd’hui à la mode dans les théories de la justice. Le calcul d’intérêt privé qui sous-tend la théorie des jeux ou les procédures distributives s’accommodent mal de l’extension dans le temps et dans l’espace des rapports d’interdépendance : « la théorie économique se basant seulement sur les échanges entre agents dont la conduite repose sur la rationalité postulée et le calcul utilitariste est incapable de traiter l’assignation intergénérationnelle de ressources épuisables11. » Nous en sommes bien d’accord.
À défaut de commensurabilité monétaire, ce rapport ne peut être cerné qu’en termes éthiques, esthétiques, ou, tout simplement, politiques. S’agissant d’assignation de ressources épuisables, il est en effet impossible de dissocier l’efficacité économique du critère social. Nous sommes ainsi amenés à refuser la rationalité instrumentale d’une économie automate dont le règne est après tout fort récent. L’historien E.P. Thompson parle encore aujourd’hui d’« économie morale », à la manière dont Coupé de l’Oise parlait voici deux siècles à peine, à la tribune de la Convention, d’« économie sociale » subordonnée au droit à l’existence.
Sociale ou morale, cette économie au service des besoins ne se réduit ni au calcul monétaire ni au calcul énergétique. Elle doit s’efforcer de tenir les deux bouts, de la seule façon qui soit. Non par la mesure quantitative et l’expertise technocratique, mais par le choix démocratique informé. Car, dès lors que l’on renonce à l’illusion d’une socialisation intégrale de la nature comme d’une naturalisation intégrale de l’homme, la contradiction est réelle. Inutile de la nier. Il faut s’installer et travailler en son sein.
La véritable question est en effet de savoir si un effet réversif de la conscience collective est susceptible ou non de résoudre l’antinomie apparente entre économie et écologie, la discordance entre leurs temporalités respectives12. Autrement dit, si l’économie sociale peut atteindre à l’harmonie des rythmes de renouvellement des ressources naturelles, des rythmes de prélèvements autorisés, des rythmes d’auto-épuration des milieux, en attendant la découverte de nouvelles énergies renouvelables ou le moyen de recycler la grande masse d’énergie improductivement dissipée.
Écologie politique n° 6, septembre 1993
Documents joints
- René Passet, Régulation marchande au temps des pollutions globales, « Le monde est-il un marché ? » Actuel Marx, 1991.
- Joan Martinez-Alier et Klaus Schlupman, La Ecologie y la economia, Mexico, EFE, 1991.
- Ibid.
- Karl Marx, Manuscrits de 1844.
- Karl Marx, Grundrisse.
- Alfred Schmidt, Le Concept de nature chez Marx, Francfort 1962 (malheureusement toujours pas traduit en français).
- Voir à ce sujet Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes, La Découverte, 1991. Voir aussi les articles de Bruno Latour et de Catherine Larrère dans le n° 5 d’Écologie politique.
- Karl Marx, Manuscrits de 1857-1858, Editions sociales, tome I, p. 346-349.
- Ted Benton, « Marxism and Naturals Limits », New Left Review, novembre 1989.
- Walter Benjamin, Thèses sur le concept d’histoire, thèse XI.
- Joan Martinez Alier, op. cit., p. 209.
- La notion d’effet réversif est utilisée par Patrick Tort à propos de la théorie darwinienne de l’évolution des espèces. À ceux qui l’interprètent comme une simple sélection naturelle par élimination des plus faibles, il objecte que l’évolution sélectionne aussi les comportements sociaux, et notamment le comportement de solidarité qui aboutit à la protection des plus faibles : d’où l’effet réversif.