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Un nouveau concept de guerre se dessine. Les auteurs chinois le caractérisent comme une « guerre combinée hors limites ». « Hors limites » ne signifie pas illimitée, mais désigne une « extension supranationale du domaine de la guerre » et une unification de toutes ses dimensions. Cette guerre abolit la distinction entre champ et hors-champ de bataille. Elle met l’accent sur la synchronie des opérations plutôt que sur leur phasage. Se profile ainsi un « état global de guerre généralisé qui rend vaine toute distinction entre guerre et paix ». En 1933, Walter Benjamin s’inquiétait déjà de la logique implacable des armes : « La guerre des gaz reposera sur des records d’anéantissement et sera liée à une activité hasardeuse croissant jusqu’à l’absurde. Savoir si son déclenchement s’effectuerait à l’intérieur des normes du droit international est, après la précédente déclaration de guerre, une question : la fin de cette guerre n’aura plus à compter avec les mêmes bornes. Avec la distinction entre population civile et population combattante, distinction qu’efface la guerre des gaz, s’effondre la base la plus importante du droit international, du droit des peuples. » Lorsqu’il dénonçait cette escalade des moyens de destruction massive, Benjamin ignorait tout, évidemment, de l’arme atomique, des missiles « intelligents », du guidage laser. Il ne savait pas non plus que les victimes civiles, qui représentaient 10 % des pertes de guerre au début du XXe siècle, en représenteraient 90 % au début du XXIe et seraient comptabilisées à la rubrique des « dommages collatéraux »… Dans un article retentissant, « Peut-on justifier Hiroshima ? », John Rawls n’a-t-il pas admis qu’en cas de « crise extrême » ou « d’urgence extrême », les civils puissent constituer une cible directe et intentionnelle de l’action militaire ?
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