Le 11-Septembre, un an après

Les quatre tours de Manhattan

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Depuis le 11-Septembre 2001 et l’attentat contre les tours jumelles de Manhattan, deux autres tours du miracle néolibéral se sont effondrées : celle de l’économie de l’Argentine, élève modèle du Fond monétaire international ; et celle la firme géante Enron. Ce fleuron de la nouvelle économie a entraîné dans sa chute l’empire Andersen. L’affaire Worldcom a éclaté depuis comme une réplique de ce séisme financier. Ce ne sera pas la dernière.

Par son discours du 20 septembre 2001, George W. Bush a déclaré le monde en état de guerre illimitée : « Nous consacrerons toutes les ressources dont nous disposons à démanteler et à défaire le réseau terroriste mondial ; cette guerre ne ressemblera pas à celle d’il y a dix ans contre l’Irak. Elle ne ressemblera pas non plus à la guerre aérienne au-dessus du Kosovo, où aucune force terrestre n’a été utilisée et où aucun Américain n’est mort au combat. Notre riposte implique bien plus que des représailles instantanées et des frappes isolées. Les Américains ne doivent pas s’attendre à une simple bataille, mais à une longue campagne sans précédent. Elle pourra prendre la forme de frappes spectaculaires montrées à la télévision comme d’opérations secrètes, secrètes jusque dans leur succès […]. Chaque pays, dans chaque région, doit maintenant se décider : ou vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes. » Dans son discours du 21 janvier 2002 sur l’état de l’Union, Bush confirmait cette logique de guerre sans fin. Sa dénonciation de « l’axe du mal » s’inscrivait en effet dans une vision manichéenne du monde et dans la perspective d’une croisade impériale du Bien contre le Mal.

contretemps_no_1-64.jpgÀ lire (notamment) sur le 11-Septembre et ses suites

– Gilbert Achcar, Le Choc des barbaries, Bruxelles, éditions Complexe, 2002
– Isabelle Richet, Les Dégâts du libéralisme : les États-Unis, une société de marché, Paris, Textuel, septembre 2002.
L’Autre Amérique. Les Américains contre l’état de guerre. Recueil préparé et présenté par Daniel Bensaïd, Eustache Kouvélakis, et Sébastien Budgen, avec des contributions de Mike Davis, Angela Davis, Noam Chomsky, Arno Mayer, Manning Marable, Howard Zinn, Immanuel Wallerstein, Judith Butler, Edward Saïd, Ronald Dworkin, Gore Vidal, Michaël Mann, Naomi Klein, Paris, Textuel, septembre 2002.
– Tariq Ali, Le Choc des intégrismes. Djihads, croisades, et modernité. Traduit de l’anglais par Sylvette Gleize. Paris, Textuel, octobre 2002.
– David Chandler, From Kosovo to Kabul. Human Rights and International Intervention, Pluto Press, Londres, 2002.

Daniel Bensaïd, Dominique Lévy6
Contretemps
n° 5, septembre 2002
www.danielbensaid.org

Documents joints

  1. Voir Claude Serfati, La Mondialisation armée, Paris, Textuel, 2001. Si les dépenses militaires étatsuniennes sont reparties à la hausse, elles restent encore relativement basses par rapport à d’autres périodes : en part du produit national brut, elles sont presque quatre fois plus faibles que pendant la guerre de Corée, 2,5 que pendant la guerre du Vietnam, et 2 fois plus faibles que pendant la course aux armements avec l’Union soviétique (sans parler de la Seconde Guerre mondiale où elles étaient dix fois plus fortes qu’aujourd’hui). Si les sommes investies sont déjà énorme, elles pourraient encore considérablement augmenter en cas de besoin et être multipliées par deux ou plus.
  2. Lire le livre de Paul Benkimoun, <em>Morts sans ordonnances</em>, Paris, Hachette, 2002.
  3. Voir Tariq Ali, Le Choc des intégrismes. Croisades, djihads et modernité, Paris, Textuel, 2002.
  4. Stanley Hoffmann, Le Monde, 24 janvier 2002.
  5. Voir L’Autre Amérique. Les Américains contre l’état de guerre, Paris, Textuel 2002. Et Isabelle Richet, Les Dégâts du libéralisme, États-Unis : une société de marché, Paris, Textuel, 2002.
  6. Économiste, directeur de recherche au CNRS.
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