Je sais que tu m’attendais… Mais tu n’auras que ma voix. Les images m’ont joué trop de mauvais tours. Pourquoi maintenant ? Parce que le pire c’est d’être annexée par ceux-là mêmes qui m’ont persécutée. Et qui osent prétendre que mon martyre fut mon apothéose ! M’abandonner à mes vainqueurs, ce serait perpétuer mon bûcher. Vous n’allez pas me laisser à Le Pen ?.… Sous la plume amoureuse de Daniel Bensaïd, nous revient une figure familière et vague, suspendue entre histoire et légende : Jeanne d’Arc. Du 8 mai, anniversaire de son triomphe, au 30 mai, anniversaire de son supplice, Jeanne s’en vient ainsi visiter notre époque incertaine où s’émoussent les convictions et renaissent les fanatismes. Vingt-trois nuits de dialogue complice et enchanteur, où s’entremêlent politique et philosophie, foi et hérésie, droit et force, guerre et paix. Vingt-trois, comme les heures d’une journée trop tôt interrompue, d’une vie inachevée.
Magnifique lieu et enjeu de mémoire, où s’éprouvent inlassablement les passions de l’épopée nationale, Jeanne séduit parce qu’elle incarne ce principe de résistance universelle qui anime la grande fraternité des vaincus. En des temps tortueux, elle est toute droiture. En des temps de bavardage médiatique, toute justesse de parole.