Bains de foule, opéra, entretiens avec les plus hautes personnalités, dont Mao lui-même, le voyage de Nixon en Chine prend un tour de plus en plus solennel. L’accueil qui lui est aujourd’hui réservé à Pékin prendrait l’allure d’une grande farce planétaire s’il n’était significatif de la politique internationale chinoise. Il ne faut pas oublier que les dirigeants chinois ont multiplié ces dernières années des invitations analogues auprès des principaux chefs de file de la bourgeoisie en réserve de gouvernement, de Franz-Joseph Strauss à M. Heath.
Le voyage de Nixon s’inscrit dans une offensive de la diplomatie chinoise contre la politique de détente entre les « deux grands » « pour la négociation d’une coexistence pacifique à trois : il constitue une mise en garde contre l’actuel et le prochain) président des États-Unis ; parallèlement, la presse officielle chinoise dénonce avec une extrême violence les camps de concentration soviétiques « qui ressemblent aux abominables camps de la mort nazis » et l’intervention soviétique dans le conflit angolais.
Pour le moment la campagne contre Teng Hsiao Ping ne remet donc pas en cause les grandes lignes de la politique internationale fondée sur la défense des intérêts de l’État chinois et non sur les principes de l’internationalisme prolétarien et de la solidarité envers les peuples en lutte contre l’impérialisme.
Si la lutte au sein de la direction chinoise a bien l’importance qu’on pressent, elle débouchera inévitablement sur une mise en cause du cours suivi depuis quatre ans par la diplomatie de Pékin.
Rouge, 25 février 1976
www.danielbensaid.org