Il y a presque soixante ans, la première révolution prolétarienne apportait sa réponse pratique au problème de l’État : celle de la démocratie des soviets. Sa dégénérescence nous lègue le problème du pouvoir.
Démocratie parlementaire ou dictature du prolétariat ? La contre-révolution « démocratique » au Portugal illustre le vrai visage de la première au moment où le Parti communiste répudie toute référence à la seconde. Quelle forme prend, à travers le quadrillage institutionnel notamment, l’omniprésence cachée de l’État dans le corps social ? Comment reprendre le fil de la stratégie de la IIIe Internationale, là où la terreur stalinienne l’a brisé ? Au-delà du stalinisme, l’existence du goulag constitue-t-elle un verdict contre le marxisme, déchu de ses ambitions initiales et condamné à se perdre dans un doute pas toujours méthodique ? Si l’édification du socialisme implique le dépérissement de l’État, comment le pouvoir peut-il se socialiser et se dissoudre ? Et qu’advient-il dans tout cela du militant, écartelé au seuil d’une nouvelle période historique, entre le traumatisme des révolutions défigurées et le visage à modeler de la révolution à venir ?
Autant de questions qu’un projet révolutionnaire ne saurait aujourd’hui esquiver.