Le pouvoir de la télé et la télé du pouvoir

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La situation actuelle des personnels de l’ORTF, doublement menacés par la privatisation de l’information et par la dictature étatique sur l’information, les pousse à exiger le maximum d’autonomie de l’ORTF contre toute main mise. De telles aspirations s’étaient manifestées au cours de la grève de Mai 68. Et il est vrai que, face au démantèlement de l’ORTF, face au renforcement de la censure, l’extension du droit de regard du personnel et des organisations ouvrières constitue la garantie minimum que l’on puisse exiger. De plus pour être un tant soit peu efficace, cette garantie suppose la titularisation des personnels intérimaires et de sous-traitance, la suppression de toute clause de censure dans les contrats des personnels sous contrat. C’est ainsi que les réalisateurs ont refusé de signer des contrats de deux ans reconductibles dont l’article 3 constituait une acceptation préalable du principe de la censure.

Mais de telles exigences défensives face à l’État bourgeois ne peuvent se déduire une conception du rôle de la télévision en société de transition.

1. En premier lieu, il nous paraîtrait démagogique de brandir la bannière de l’autogestion de l’ORTF. Parce que les services publics ne sont pas du seul ressort de leurs employés, mais aussi de la population. Dans la période de dictature du prolétariat, nous sommes partisans d’appliquer aux moyens de diffusion et de communication le principe de la cogestion. Quand on parle de cogestion, l’important est de savoir avec qui on gère. Or nous pensons qu’un pouvoir des travailleurs effectivement appuyé sur des comités d’usines et de quartiers élus et révocables devrait garder le monopole matériel de la télévision et en assurer la gestion en commun avec le personnel et des représentants directs des usagers. Non pas des usagers sous la forme des associations actuelles qui ne sont la plupart du temps que des groupes de pression ou des succursales électorales. Mais des usagers en tant que collectivités agissantes (groupements culturels, professionnels).

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