Que l’avenir dépende de ce que nous faisons du passé, Daniel Bensaïd en a toute sa vie montré le souci. Comme il le montre ici du passé centenaire de la Révolution d’octobre 1917. Les archives s’ouvrant, les révisions abondant, il s’est agi pour lui, au fil des commémorations, de distinguer entre cet événement incontestablement révolutionnaire et la postérité contre-révolutionnaire, bureaucratique et stalinienne, avec laquelle on s’est employé à le confondre.
On pourrait reprendre mot pour mot, pour ce centième anniversaire de la Révolution russe, ceux qu’il avait écrits pour le quatre-vingtième, ici réunis pour la première fois : « Un retour critique sur la Révolution russe soulève quantité de questions, d’ordre tant historique que programmatique. L’enjeu est de taille. Il en va ni plus ni moins de notre capacité à sauver le passé de l’oubli pour préserver un avenir ouvert à l’agir révolutionnaire, car tous les passés n’ont pas le même avenir. »