« On assiste en retour à de nouvelles formes de résistance des dépossédés – des “sans” (sans papiers, sans domicile, sans toit, sans emploi, sans droits) – au nom des la défense des services publics, au nom de la souveraineté énergétique et alimentaire des pays soumis au pillage impérialiste, au nom des biens communs (eau, terre, air, vivant) convoités par les entreprises cannibales ou les firmes pharmaceutiques à l’affût de nouvelles molécules brevetables. Ou, tout simplement, au nom du droit d’avoir des droits ! Les revendications de reconnaissance des langues et des cultures indigènes contre une mondialisation uniformisante participent de ces résistances à la dépossession. Si ces luttes sont souvent engagées au nom de la défense des “us et coutumes”, ou des traditions, il importe de rappeler à leur propos la préoccupation de Marx dans ses articles sur le vol de bois. Derrière l’apparence consensuelle des coutumes, subsiste l’antagonisme latent entre les droits coutumiers des dominants et ceux des dominés. C’est peut-être ce qu’entendait aussi Walter Benjamin quand il opposait la tradition des opprimés au conformisme qui toujours la menace », p. 76.