Par Éric Hazan
Dans son introduction à ce texte de jeunesse de Marx, Daniel Bensaïd montre qu’est venue « l’heure de la critique de la politique, du droit, de l’État, de la scission entre la société civile et l’État, du saut mortel entre le monde de l’égoïsme privé et celui de l’intérêt général ». Daniel Bensaïd montre bien que le point essentiel de ce texte fondateur est de faire la distinction entre émancipation politique (celle que préconise Bruno Bauer, dont le texte de Marx est la critique mordante) et émancipation humaine.
Moment décisif sur la voie du dépassement du libéralisme radical, Sur la question juive pousse la critique de l’État politique « jusqu’à la logique expansive d’une vraie démocratie, conçue comme processus permanent ».
Bensaïd, à propos de ce texte fondateur, fait justice de l’accusation d’antisémitisme lancée par les ennemis – toujours actuels – de Marx : « Marx inaugure ainsi une critique qui cherche dans les conditions historiques de l’existence juive, et non dans l’éternité céleste de l’élection, les racines de son oppression et les raisons de la perpétuation du judaïsme, dans et par l’histoire. »