Engagement, fidélité

Ni Seigneurs, ni maîtres

Sous-titré, en référence explicite à Flaubert, Une Éducation politique, le livre de Debray nous entraîne dans les labyrinthes des pouvoirs, hantés par les figures tutélaires de l’auteur : Fidel, le Che, Allende, Mitterrand, sans oublier le spectre de De Gaulle… Un lent travail de désillusion et de désenchantement à travers une chronique du présent à la manière des grands mémorialistes (Retz, Saint-Simon, Chateaubriand, Malraux). Il ne s’agit pas d’une histoire historienne, plutôt d’une initiation. Mais d’une initiation à quoi ? En tournant ces pages, Debray ne manifeste aucun regret. D’une plume talentueuse et intelligente, il prend ses distances, jouant habilement de la fausse naïveté et de la vraie roublardise, tout en nous alertant contre la confusion entre le dédoublement et la duplicité. Sans renoncer à des engagements ponctuels (mouvement gréviste de décembre, Chiapas, contre le procès Ochoa à Cuba et la guerre du Golfe), il se consacre désormais en priorité à la médiologie ou connaissance des médias (le premier numéro des Cahiers de médiologie, revue qu’il anime, est paru chez Gallimard).

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Reprendre ses marques, renouer le fil des principes, retrouver les repères…

Lignes : Une expérience au moins décevante, et idéologiquement peut-être désastreuse, peut-elle être profitable ? En d’autres termes, quel bilan politique tirez-vous de l’échec politique et du désastre idéologique du socialisme français ? Daniel Bensaïd : Nous voici sous le coup d’un double désastre. Celui, inscrit déjà dans la moyenne durée, de la barbarie stalinienne. […]

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