La taupe est myope, c’est bien connu. D’être passée trop souvent de l’obscurité à la lumière aveuglante du jour ? Ou pour se défendre de cet éblouissement ? Peut-elle oublier l’instant du jaillissement, et ce qu’il fallut d’effort pour en arriver là ? Le monticule de rejets où elle émerge en témoigne : pas de percée libératrice sans préparation têtue.
Histoire
Cris et crachats
1. « Crache sur l’histoire », nous répond John Holloway. Pourquoi pas ? Mais laquelle ? Pour lui, il semble qu’il n’y ait qu’une seule histoire, à sens unique, celle de l’oppression qui contamine jusqu’à la lutte des opprimés. Comme si l’histoire et la mémoire n’étaient pas aussi des champs de bataille. Comme s’il ne […]
Fragments pour une politique de l’opprimé : événement et historicité
« L’hérésie aussi est une forme d’impatience. » Georges Steiner, Épreuves La part non fatale du devenir : événement et historicité 1. L’événement est de retour Il fut un temps, pas si lointain, où il semblait disparu, englouti dans la majesté imperturbable des structures, noyé dans les nappes lentes du temps long historique. Suivant une […]
Le marranisme, un internationalisme réinventé
Claude Corman : Dans son introduction à ce numéro sur la transmission, Emmanuel Renault écrit : « Longtemps les mouvements d’émancipation se sont nourris de la mémoire vivante des soubresauts révolutionnaires. Le XIXe siècle commença par entretenir la tradition de 1789 et de 1793, puis il entretint celle de 1848 et de 1871 ; le […]
D’un ton judiciaire adopté aujourd’hui en histoire
Intervention dans le cadre d’un colloque sur les philosophies de l’histoire organisé en 2002 à la Sorbonne par André Tosel et Jean Salem.
Mémoire d’habilitation, une lente impatience
Compte tenu de la longueur de la soutenance d’habilitation à diriger des recherches de
Daniel Bensaïd, nous la présentons exclusivement dans la mise en page PDF. Elle peut donc être lue sur écran ou imprimée en un minimum de pages (45 pages au format A4).
Spectres et messies de Derrida
Ce texte reprend pour une bonne part le chapitre « Jacques Derrida et le messianisme sans Messie » de Résistances. Essai de taupologie générale, Fayard, Paris 2001, partie II, chapitre III.
Il y a un mystère Jeanne d’Arc
Le philosophe Daniel Bensaïd a eu un « coup de foudre » pour Jeanne d’Arc, à qui il a consacré un ouvrage. Insubordonnée, transgressive, dotée d’un sens politique étonnant, Jeanne, dit-il, était anachronique. Politis : Pourquoi vous êtes-vous intéressé à Jeanne d’Arc ? Daniel Bensaïd : J’ai d’abord été touché par une énigme Jeanne d’Arc… […]
Jeanne d’Arc, affaire non classée
Le personnage de Jeanne excède ses représentations. Entre histoire et mémoire, entre le témoignage des archives et le travail du mythe, il cristallise les attentes toujours recommencées du présent. Nos passions collectives viennent périodiquement s’éprouver à son miroir. Pourquoi tant de visages et de métamorphoses ? Figure des temps de transition et de dérèglement, où […]
Penser à l’épreuve de la complication historique
S’inscrivant en faux contre les démarches de François Furet et de Martin Maila, qu’il juge réductrices, Claude Lefort, à la lumière de Raymond Aron et d’Hannah Arendt, considère que l’interrogation sur le communisme ne doit pas s’arrêter à son propre naufrage.