Le Portugal, c’est un brûlot au flanc de l’Europe. Au contact direct de la poudrière espagnole. La révolution portugaise a commencé, et son enjeu est colossal. Pour l’Europe, pour l’Afrique, et pour l’impérialisme en général au lendemain de sa défaite indochinoise. Pour tous les révolutionnaires qui, pendant une période difficile, ont cherché leur voie dans les livres ou les révolutions lointaines, l’heure est venue de la leçon de choses. Par une ironie de l’histoire, le prolétariat portugais vaincu, humilié, exilé depuis un demi-siècle, renoue le fil de la grande tradition révolutionnaire, celle des comités, des conseils, des soviets. Au feu de sa lutte, le profil des différentes forces politiques se découpe avec plus de netteté et les problèmes de la révolution en Europe deviennent terriblement concrets. À nous d’étudier et d’apprendre à cette école. Il est trop tôt, beaucoup trop tôt pour écrire l’histoire… Mais il est juste temps d’ouvrir le débat.