« Pour que la gauche d’imposture que Bernard-Henri Lévy s’empresse de secourir puisse encore faire illusion en se présentant comme la seule possible, la seule raisonnable, la seule concevable, il se doit de disqualifier l’autre gauche, d’exorciser ses vieux démons. Pour que sa nouvelle gauche moderne, riche de candidats aux transferts, puisse être « sans frontières » sur sa droite, il faut la garder et la murer solidement sur sa gauche. Il faut donc changer les noms, brouiller les cartes, inverser les valeurs. Il faut, absolument, par un simple détournement rhétorique orwellien, par un détournement de novlangue aussi audacieux que celui transformant les exploités en privilégiés et les patrons en otages, il faut donc que la gauche fidèle, la gauche non reniée, non frelatée, non repentie, soit stigmatisée. »
Daniel Bensaïd répond ici au dernier livre de Bernard-Henri Lévy, Ce grand cadavre à la renverse : il réfute point par point les prétendus « sept péchés capitaux » que son auteur, en nouveau théologien, impute à la gauche radicale. Le présent essai est également une vigoureuse affirmation de la nécessité d’une politique anticapitaliste aujourd’hui.