Brésil, un entretien avec Lula

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Au Brésil, les élections sont toujours prévues pour le mois de novembre 1982. Il devrait y avoir quatre élections, pas moins : les municipales, les législatives, les sénatoriales et les premières élections des gouverneurs des États depuis l’instauration de la dictature militaire, le 1er avril 1964. Quand on les interroge à ce sujet, les membres du gouvernement affirment qu’il n’est pas permis de douter de la tenue de ces élections… puisque le président, le général Joao Baptista Figueiredo en personne, a engagé sa parole.

Pourtant, à huit mois à peine de la consultation, on ne sait toujours pas quelle sera la règle du jeu définitive. Le gouvernement la modifie à sa convenance, semaine après semaine, de pacote (littéralement « paquet », désignant les décrets sur le mode de scrutin) en pacotons (petits paquets), pour s’assurer la victoire. Le pacote de novembre est un exemple du cynisme absolu de la dictature :

– D’une part, il établit le « vote lié », c’est-à-dire l’obligation faite à tous les électeurs de voter pour la même liste aux quatre élections. Comme seuls les partis reconnus par la loi ont le droit de présenter des candidats, cela revient à contraindre chaque électeur à choisir un parti et un seul à tous les niveaux. Presque une affiliation forcée.

– D’autre part, il interdit les coalitions, ce qui veut dire que des accords locaux ou des listes panachées entre deux partis seront invalidés.

Ces deux dispositions visent à morceler les différentes oppositions pour renforcer les chances du parti au pouvoir, le Parti démocrate-social (PDS), que les sondages donnent – pour le moment – largement perdant dans tous les principaux États.

En riposte au pacote de novembre, les deux grands partis bourgeois d’opposition, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et le Parti populaire (PP) viennent de tenir un congrès de fusion le 14 février dernier. Cette fusion met encore davantage en évidence le caractère bourgeois de cette opposition. Le PP est en effet couramment considéré au Brésil comme « le parti des banquiers ». Il a à sa tête nombre de vieux politiciens qui ont été parmi les têtes pensantes du coup d’État de 1964, comme Magalhaes Pinto. Et il était apparu dans le projet initial de l’« ouverture », en 1979-1980, comme une roue de secours pour le régime, avec la possibilité de former une coalition majoritaire avec le parti au pouvoir.

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