Les rêves de gauche ?

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Je remercie les organisateurs de ce colloque de m’avoir invité et proposé pour thème celui des rêves de gauche.

Rêveuse de gauche ?

Et de quoi a-t-elle donc rêvé ?

La formulation n’est pas malheureuse. D’abord dans son pluriel.

Si rêves il y eut, comme vient de le rappeler Élisabeth de Fontenay, ils ne furent pas uniformément gris ou roses.

Certains ont fait le rêve héroïque d’une terre promise aux couleurs de l’Union soviétique, stalinienne ou brejnévienne, du culte stakhanoviste du travail, des prouesses productivistes de la collectivisation forcée et de l’industrialisation accélérée, des tonnes d’acier et des cheminées fumantes, des médailles olympiques en tout genre.

D’autres, ou les mêmes parfois, ont rêvé du soleil flamboyant et sanglant de la Grande révolution culturelle chinoise et d’une forêt de petits livres rouges brandis.

D’autres encore, plus prosaïquement, se sont contentés du rêve tiède d’un socialisme à pas de tortue, dans le respect des majorités parlementaires, et par le moyen des sages réformes. Cela n’a pas empêché, depuis près d’un siècle, la social-démocratie d’accumuler les petites concessions qui font les grandes capitulations : du concubinage avec les corps francs de Noske dans l’Allemagne de 1919 à l’enrôlement fleur au fusil dans toutes les expéditions coloniales et néocoloniales, en passant par la non-intervention en faveur de l’Espagne républicaine.

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Documents joints

  1. Pour mémoire : Istrati, Victor Serge, Ciliga, Trotsky, le rapport de la commission Dewey, Plisnier, Kravtchenko, Valtin, Krivitsky, Rousset, et tant d’autres…
  2. Voir à ce sujet le livre de Javier Muguerza, Desde la perplejidad, FCE, Madrid 1990.
  3. Dans Le Camion.
  4. Marrano en espagnol est péjoratif : en gros « porc » Désigne les juifs convertis de force à partir de 1492 mais qui tout en pratiquant formellement la religion catholique continuaient à « judéiser » en secret. Double existence qui a duré des siècle et qui les a placés au carrefour entre le mythe du peuple élu et l’universalisme chrétien. D’où le phénomène Uriel da Costa, Spinoza, etc.
  5. Jean-Christophe Bailly et Jean-Luc Nancy, La comparution, Bourgois 1991.
  6. Cette idée est notamment développée par R. Musil dans l’Homme sans qualités.
  7. Voir notamment à ce sujet le beau livre de Michael Löwy, Rédemption et Utopie, Puf 1988.
  8. Voir mes derniers livres, Benjamin, sentinelle messianique, Plon 1990 et Jeanne de guerre lasse, Gallimard 1991.
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