À Serge Pey, au poète qui récite avec ses pieds

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Amarade Serge,

Il en a fallu, des histoires et de l’histoire, pour que nos adolescences jadis se croisent à l’ombre du palmier des Jacobins. Un Catalan naufragé de la guerre civile, échoué sur les rives de la Garonne et un Séfarade mâtiné de vieux communard. Cette rencontre poétique était aussi improbable que celle, fameuse, entre le parapluie et la machine à coudre sur leur table d’opération.

À Toulouse, les vétérans de l’Ebre ou de la défense de Madrid se retrouvaient le dimanche à la Bourse du travail. Inlassablement ils tisonnaient les possibles perdus et transformaient les défaites en épopées. Et ils espéraient encore, obstinément, relancer les dés de l’histoire pour une revanche et une belle.

Une de mes premières manifs fut contre l’exécution de Julian Grimau par le régime franquiste. Elle s’est achevée en bataille rangée, hampes d’étendards brisées contre matraques et pèlerines plombées. Les drapeaux étaient ceux de la République.

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