Il a fallu, lundi, six heures de discussions, pas une de moins, aux syndicats et aux partis de gauche pour se mettre d’accord sur la déclaration d’appel aux actions du 18 décembre. Six heures pour finir par dénoncer à l’unanimité « la diversion grossière menée par le pouvoir à propos des problèmes de l’armée pour détourner l’attention des conséquences désastreuses de sa politique ».
Ce qui est grossier, c’est l’aveuglement volontaire des directions réformistes. Ce qui est désastreux, c’est leur complète capitulation.
Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que l’attaque gouvernementale contre les comités de soldats et ceux qui les soutiennent n’a rien d’une diversion, d’un à côté négligeable ; qu’elle fait au contraire partie d’une attitude systématique et délibérée du pouvoir, et que les différents aspects de sa politique répressive sont étroitement solidaires, Giscard a prétendu, au lendemain de son élection, inaugurer l’ère des réformes… Les cinq cents jours sont passés. Les réformes et la poudre aux yeux n’ont pas payé. Chaque élection partielle – et la dernière en date, celle de Chatellerault – montre la fragilité de la majorité actuelle. Aujourd’hui même, un nouveau sondage donne la gauche légèrement majoritaire, en cas de législatives. Le grand bruit fait autour des pérégrinations d’un Caillavet ou des ouvertures d’un Robert Fabre n’y changent rien : le pouvoir craint pour son avenir.