• « Par rapport aux tentatives de fonder la légitimité de la propriété sur un droit naturel d’appropriation, par l’occupation ou par le travail, l’inversion est radicale. Le droit de propriété n’est plus pour Rousseau que “de convention et d’institution humaine”. Il en va différemment “des dons essentiels de la nature, tels que la vie et la liberté dont il est permis à chacun de jouir et dont il est douteux qu’on ait le droit de le dépouiller1”. C’est poser l’opposabilité inaliénable du droit à l’existence (à la “vie” !) au droit de propriété privée », p. 44-45.
• « Dès son projet de déclaration des droits de l’homme du 23 août 1789, Marat avait été l’un des seuls à expliciter l’antagonisme entre droit de propriété et droit à l’existence […]. Le 2 décembre 1789, Robespierre, dénonçant les méfaits conjugués du libéralisme économique et de la loi martiale, défiait à son tour le plus scrupuleux défenseur de la propriété de déclarer ouvertement “qu’il entend par ce mot le droit de dépouiller et d’assassiner ses semblables” […]. À l’épreuve de la dynamique révolutionnaire, Robespierre finit par conclure que le premier des droits imprescriptibles est celui d’exister », p. 28-29.
- Hegel, Principes fondamentaux de la philosophie du droit, § 127 et § 128. On trouve dans le droit français un écho à ce droit de détresse sous le nom de « droit de nécessité ». (Note 26 de DB, p. 121.)