I. Actualité du Manifeste du Parti communiste
Intro
– « Marx est mort » ? « Le passé d’une illusion » ? Ou, « Marx le retour », le revenant ?
– Notre contemporain, pourquoi ?
– Penseur de la mondialisation ?
– Profileur du social killer ?
– « Pas d’avenir sans Marx » (et Engels), mais « mille et un marxismes ».
1. La logique de la mondialisation expliquée
– Le Capital comme puissance sociale dynamique qui bouleverse le monde ?
– Tend à « l’exploitation du marché mondial et développe une « interdépendance universelle ».
– Toujours plus vite, toujours plus loin : fuir devant son ombre pour conjurer la chute du taux
de profit.
2. Le travail aliéné réduit à une « abstraction sociale »
– De la critique de l’aliénation religieuse à la critique de l’aliénation sociale.
– La mesure « des gigantesques forces sociales accumulées » par le temps de travail abstrait deviendra, au fur et à mesure de la socialisation du travail, de plus en plus « misérable et irrationnelle ».
– La crise sociale et écologique.
3. L’histoire de l’humanité comme histoire de la lutte des classes
– Le secret dévoilé du mouvement historique : l’antagonisme et le conflit (par la nécessité et par la lutte…).
– « La constitution des prolétaires en classe dominante » : comment de rien devenir tout ?
– Les classes sont-elles en train de disparaître ? Tous « classe moyenne » ?
4. La question de la propriété « comme la question fondamentale du mouvement »
– Dépossession (la loi sur le vol de bois) et la privatisation du monde.
– Il ne s’agit pas d’abolir toute forme de propriété « mais la propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise » et le « mode d’appropriation » fondé sur l’exploitation.
– L’accès à la propriété (logement). Tous propriétaires ? Propriété, possession, appropriation sociale et bien commun : les dix mesures.
5. « … En premier lieu, conquérir le pouvoir politique »
– Le prolétariat doit conquérir le pouvoir pour « s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation ».
– Limites de la « démocratie formelle » (« l’illusion politique ») et démocratie sociale.
– La dictature du prolétariat et la « Commune comme sa « forme enfin trouvée ».
6. « Prolétaires de tous les pays… »
– En s’érigeant en classe dirigeante de la nation, le prolétariat est « encore national, quoique nullement au sens bourgeois du mot », car « l’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles ». Pas de socialisme dans un seul pays, donc.
– Ce qui était déjà clair en 1848… Le nouvel internationalisme.
7. « La révolution en permanence »
– « La révolution bourgeoise allemande ne saurait être que le prélude immédiat à une révolution prolétarienne ». Pas de révolution « par étapes », donc.
– La révolution à la fois acte et processus : passage de la révolution démocratique à la révolution sociale, de la révolution sociale à la révolution culturelle, de la révolution nationale à la révolution mondiale.
8. « Le libre développement de chacun » comme condition du « libre développement de tous ».
Marx contemporain ?
– Les illusions du progrès, le problème des limites, et le défi écologique ?
– Homogénéité, hétérogénéité du prolétariat, multiplicité des dominations ?
– L’émancipation des femmes comme critère de civilisation ?
– La question de la mesure et des institutions.
Complément : document L’actualité du Manifeste
[Se reporter au texte de 1997 « L’actuel encore actif » du Manifeste communiste.]
II. Le Capital , un livre de notre temps. Intro
– L’œuvre d’une vie, inachevée, inachevable : une pensée au travail ? – Le Capital est-il lisible ? Difficile, mais…
– Une œuvre littéraire (Dante, Mary Shelley, Balzac, Stoker).
– « On a volé la plus-value ! » : un modèle de roman policier.
1. Par où commencer ? Le début de l’intrigue
– « Dans toutes les sciences, le commencement est ardu » (préface) : la traversée des apparences.
– Le tout et les parties.
– Les plans successifs : trois ou six livres ?
– Au commencement était la marchandise, la richesse comme « immense entassement de marchandises » : une chose sociale pleine de mystères (qu’y a-t-il à l’intérieur d’une noix, d’une madeleine… ou d’une marchandise ?) : le dédoublement généralisé : valeur d’usage/d’échange, qualité/quantité, privé/ public, homme/citoyen. Une société schizophrène.
2. Le livre I : le procès de production ou la scène du crime
– La descente aux enfers : « Au moment où nous sortons de cette sphère de la circulation simple qui fournit au libre-échangiste vulgaire ses notions, ses idées, sa manière de voir, et le critère de son jugement sur le capital et le salariat, nous voyons s’opérer une transformation dans la physionomie des personnages de notre drame. Notre ancien homme aux écus prend les devants et, en qualité de capitaliste, marche le premier, le possesseur de la force de travail le suit par-derrière, comme son travailleur à lui ; celui-là, le regard narquois, l’air important et affairé ; celui-ci, timide, hésitant, rétif, comme quelqu’un qui a porté sa propre peau au marché et ne peut plus s’attendre qu’à une chose : à être tanné » (K, I, 1, 6).
– Quel est « le quelque chose de commun qui se montre dans la valeur d’échange » ? Du travail humain matérialisé, « la durée du travail dans le temps ». Une marchandise extraordinaire qui a la vertu particulière qu’en la consommant elle crée de la valeur : la force de travail, qui se distingue aussi des autres marchandises en ce qu’elle renferme « un élément moral et historique ».
– Un marché de dupes, la vente de la force de travail : le travailleur réduit à « du temps de travail personnifié » ou « une carcasse de temps » : « La valeur d’usage de la force de travail, c’est-à-dire le travail, n’appartient pas plus au vendeur (le travailleur) que n’appartient à l’épicier la valeur d’usage de l’huile vendue » (K, I, 3, 7) ? – La journée de travail et le taux d’exploitation : la plus-value ou survaleur comme « temps de travail extra » ou « surtravail imposé et extorqué au producteur immédiat ».
– La « journée de travail normale » ? Intervilles et le jeu de la corde. Survaleur absolue et survaleur relative (allongement du temps de travail et intensification du travail) ? – Dans la manufacture moderne, « ce n’est pas seulement le travail qui est divisé, c’est l’individu lui-même qui est morcelé et transformé en ressort automatique d’une opération exclusive… Les puissances intellectuelles de la production se développent d’un seul côté parce qu’elles disparaissent de tous les autres. Ce que les ouvriers parcellaires perdent se concentre en face d’eux dans le capital ». Et l’argent n’est plus que « l’existence matérielle de la richesse abstraite ». Conséquence : « la pathologie industrielle »
3. Le livre II : le procès de circulation ou le blanchiment du butin
– Les nouvelles déterminations qui naissent du procès de circulation : capital fixe et circulant, rotation, temps de rotation : temporalité linéaire, temporalité cyclique
– Le capital et ses déguisements.
– Le saut périlleux et l’arrêt cardiaque : le caractère discontinu du procès « Le capital comme valeur qui se valorise n’enferme pas seulement des rapports de classe, un caractère social déterminé, fondé sur l’existence du travail comme travail salarié. C’est un mouvement, un procès cyclique à travers différentes phases, qui à son tour est constitué de trois étapes. On peut donc seulement le concevoir comme et non à l’état stable. »
4. Le livre III : la reproduction d’ensemble ou le partage du butin
– Une multiplicité de capitaux en mouvements : « travestie », ayant « renié son origine », la valeur est devenue méconnaissable sous ses déguisements et ses apparences.
– La chute tendancielle du taux de profit : une loi étrange qui se contredit elle-même : l’augmentation de la productivité et l’augmentation de la composition organique du capital ont pour conséquence la chute tendancielle.
– Le comble du fétichisme ou l’immaculée conception : l’argent qui fait de l’argent ? Le capital est « un être fort mystique » : « Toutes les forces productives sociales du travail semblent en effet être dues au capital et non pas au travail. Elles semblent jaillir de son sein. Intervient alors le procès de circulation qui transforme dans leur substance et leur forme toutes les parties du capital. Dans cette sphère de la circulation, les rapports de la création originelle de la valeur passent totalement à l’arrière-plan. » (K, III, 7, 48).
– Le « fade » : la formule trinitaire (capital/profit, terre/rente, travail/salaire) et les classes sociales.
5. La logique du Capital
– Science ou critique de l’économie politique.
Compléments :
Textes
1.
« En tant qu’il produit des valeurs d’usage, qu’il est utile, le travail, indépendamment de toute forme de société, est la condition indispensable de l’existence de l’homme, une nécessité éternelle, le médiateur de la circulation matérielle entre la nature et l’homme […]. L’homme ne peut procéder autrement que la nature elle-même, c’est-à-dire il ne fait que changer la forme des matières. Bien plus, dans cette œuvre de simple transformation, il est encore constamment soutenu par des forces naturelles. Le travail n’est donc pas l’unique source des valeurs d’usage qu’il produit, de la richesse matérielle. Il en est le père, et la terre, la mère, comme le dit Willam Petty. » (K, I, 1,1).
2. La marchandise et ses mystères
– « Une marchandise paraît au premier coup d’œil quelque chose de trivial et qui se comprend de soi-même. Notre analyse montre au contraire que c’est une chose très complexe, pleine de subtilités métaphysiques et d’arguties théologiques. En tant que valeur d’usage, il n’y a rien en elle de mystérieux, soit qu’elle satisfasse les besoins de l’homme par ses propriétés, soit que ses propriétés soient produites par le travail humain. Il est évident que l’activité de l’homme transforme les matières fournies par la nature d’une façon à les rendre utiles. La forme du bois, par exemple, est changée si l’on en fait une table. Néanmoins, la table reste bois, une chose ordinaire qui tombe sous le sens. Mais dès qu’elle se présente comme marchandise, c’est une tout autre affaire. À la fois saisissable et insaisissable, il ne lui suffit pas de poser ses pieds sur le sol ; elle se dresse, pour ainsi dire sur sa tête de bois en face des autres marchandises et se livre à des caprices plus bizarres que si elle se mettait à danser. » (K, I, 1,1, 4).
– « Si elles pouvaient parler, les marchandises diraient : notre valeur d’usage peut bien intéresser l’homme ; pour nous, en tant qu’objets, nous nous en moquons bien. Ce qui nous regarde, c’est notre valeur. Notre rapport entre nous comme choses à vendre et à acheter le prouve. Nous nous considérons les unes les autres que comme valeurs d’échange. Ne croirait-on pas que l’économiste emprunte ses paroles à l’âme même de la marchandise. »
3. La plus-value ou survaleur
« La période d’activité qui dépasse les bornes du travail nécessaire coûte, il est vrai, du travail à l’ouvrier, une dépense de force, mais ne forme aucune valeur pour lui. Elle forme une plus value (ou survaleur) qui a pour le capitaliste tous les charmes d’une création ex nihilo. Je nomme cette partie de la journée de travail, temps extra et le travail dépensé en elle surtravail. S’il est d’une importance décisive pour la compréhension de la valeur en général de ne voir en elle qu’une simple coagulation de temps de travail, que du travail réalisé, il est d’une égale importance, pour la compréhension de la plus-value, de la comprendre comme une simple coagulation de temps de travail extra, comme du surtravail réalisé. Les différentes formes économiques revêtues par la société, l’esclavage, par exemple, et le salariat, ne se distinguent que par le mode dont ce surtravail est imposé et extorqué au producteur immédiat, au travailleur ».
4. L’étrange « loi » de la chute tendancielle du taux de profit.
– « Ce sont les mêmes lois qui entraînent pour le capital social une hausse absolue de la masse du profit et une baisse du taux de celui-ci […]… Une loi à double face selon laquelle les mêmes causes provoquent la diminution du taux de profit et l’augmentation simultanée de la masse absolue de celui-ci […] : connexion interne et nécessaire entre deux choses qui se contredisent en apparence. [Une loi], ou plutôt une tendance, c’est-à-dire une loi dont la réalisation intégrale est arrêtée, ralentie, par des causes qui la contrecarrent. » (K, III, 13).
– « Comment expliquer que cette baisse n’ait pas été plus importante ou plus rapide ? Il a fallu que jouent des influences contraires qui contrecarrent et suppriment l’effet de la loi générale et lui confèrent simplement le caractère d’une tendance » (K, III, 14).
– Les « causes qui contrecarrent la loi » (K, III, 14) : augmentation du degré d’exploitation du travail ; réduction du salaire au-dessous de sa valeur ; baisse de prix des éléments du capital constant (matières premières) ; surpopulation relative ; commerce extérieur…
5. Les classes (K, III, 52)
– « Les propriétaires de la simple force de travail, les propriétaires du capital, et les propriétaires fonciers dont les sources respectives de revenu sont le salaire, le profit et la rente foncière, par conséquent les salariés les capitalistes et les propriétaires fonciers constituent les trois grandes classes de la société moderne fondée sur le système de production capitaliste […]… La question qui se pose tout d’abord est la suivante : qu’est-ce qui constitue une classe ? La réponde découle tout naturellement de la réponse à cette autre question : qu’est-ce qui fait que les ouvriers salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers constituent les trois grandes classes de la société ?
À première vue, c’est l’identité des revenus et des sources de revenus. »
– À première vue, mais… « Cependant, de ce point de vue, les médecins et les fonctionnaires par exemple constitueraient, eux aussi, deux classes distinctes, car ils appartiennent à deux groupes sociaux distincts, dont les membres tirent leurs revenus de la même source. Cette distinction s’appliquerait de même à l’infinie variété d’intérêts et de situation que provoque la division sociale du travail social, à l’intérieur de la classe ouvrière, de la classe capitaliste et des propriétaires fonciers, ces derniers par exemple étant scindés en viticulteurs, propriétaires de champs de forêts, de mines, de pêcheries, etc. » [Ici s’interrompt le manuscrit]
25 août 2008
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