Demain, après-demain peut-être, Franco sera mort. Officiellement, car il a déjà cessé de vivre : le corps sans chair, en hibernation, qui frémit encore, à grands renforts d’artifices techniques, n’est plus qu’un sujet d’expérience, une péripétie de science-fiction. La momie devance le cadavre. Faut-il se réjouir ? De revanche, de soulagement, de longue attente enfin récompensée ? Même pas.
Quarante ans de règne sans partage, ininterrompu, suffisent pour faire de l’homme Franco un dictateur comblé.
La satisfaction qu’éprouvent aujourd’hui ceux qui l’ont combattu, sans jamais renoncer, ceux qui en ont souffert, jour après jour, ceux qui croupissent encore dans ses geôles, est d’un autre ordre. Plus discrète, plus profonde, plus juste.
Elle vient de ce que la mort du dictateur coïncide avec l’agonie de son régime. Franco, c’était, à lui seul, un pont jeté entre la barbarie fasciste triomphante, en Italie et en Allemagne, et la réaction qui se regroupe à présent en Europe, pour faire face à la révolution socialiste qui vient, impétueusement.