La chronique de Roger-Pol Droit (Le Monde des livres du 25 novembre 2005) et l’article de Frédéric Nef intitulé « Le “nom des juifs” selon Alain Badiou » dans lesquels était violemment contesté le contenu de l’ouvrage Circonstances, 3. Portées du mot « juif » d’Alain Badiou (éd. Lignes, Le Monde des livres du 23 décembre) nous ont valu un important courrier. La majorité des textes que nous avons reçus allait dans le sens des thèses défendues par Roger-Pol Droit et Frédéric Nef. Nous avons cependant décidé de publier un texte du philosophe Daniel Bensaïd dans lequel ce dernier prend la défense d’Alain Badiou. [Réd. Le Monde des livres.]
Judaïsme, judéité, question juive
« Israël dans Israël »
Les trotskistes (Trotski, la IVe Internationale, les sections nationales…) ont été hostiles à la création de l’État d’Israël en terre de Palestine. Trotski : « La tentative de résoudre la question juive grâce à l’émigration des juifs en Palestine révèle à présent sa vraie nature : c’est une tragique mystification pour les juifs. […] Les développements futurs de la guerre pourraient bien transformer la Palestine en un piège meurtrier pour des centaines de milliers de juifs. Jamais aussi clairement qu’aujourd’hui le salut des juifs n’est apparu si indissociablement lié au renversement du capitalisme » (juillet 1940). Quelques années auparavant (1937), Trotski allait jusqu’à imaginer l’assimilation et donc la disparition des Juifs et de leur culture (dont leur langue traditionnelle, le yiddish) au sein de leurs pays respectifs. La question d’un espace de regroupement sur le territoire même de l’URSS fut évoquée : le malheureux exemple du Birobidjan, mais cela ne semblait pas recevoir l’assentiment de Trotski qui parlait de « farce bureaucratique »… Plus généralement, le socialisme à venir semblait pouvoir résoudre la question juive (culture, langue…) par l’assimilation générale. Trotski reconnaissait cependant l’existence d’une nation juive capable de se maintenir par l’adaptation à la modernité.
Le marranisme, un internationalisme réinventé
Claude Corman : Dans son introduction à ce numéro sur la transmission, Emmanuel Renault écrit : « Longtemps les mouvements d’émancipation se sont nourris de la mémoire vivante des soubresauts révolutionnaires. Le XIXe siècle commença par entretenir la tradition de 1789 et de 1793, puis il entretint celle de 1848 et de 1871 ; le […]
Da Costa et Spinoza : affaires non classées
Dans un tableau envahi de pénombre, un homme au profil biblique tient sur ses genoux un enfant de sept ans, gravement attentif au murmure que l’on devine. Les doigts de l’enfant jouent avec une rose posée sur un livre ouvert. Uriel da Costa et Baruch Spinoza ? L’aîné, fougueux et rebelle, transmet-il à l’enfant, comme […]
« Consciences de la Shoah »
Face à ces Consciences de la Shoah (au pluriel), Philippe Mesnard se situe d’emblée dans un espace critique, entre la tentation d’une mise en scène compassionnelle de la mémoire et celle d’un recueillement muet devant l’indicible, entre l’exemplarité du Bien exposée par Spielberg et le retrait silencieux du monde préconisé par Maurice Blanchot. Les deux […]
Une critique de la barbarie moderne
Avec Pour une critique de la barbarie moderne. Écrits sur l’histoire des Juifset de l’antisémitisme, Enzo Traverso, nous offre un enrichissant recueil d’essais.Et Page 2 inaugure bien sa nouvelle collection Cahiers libres. La remarquable revue suisse francophone Page 2 a eu l’heureuse idée de lancer en complément une collection de Cahiers libres. Le premier titre […]
L’Histoire déchirée
Donnant suite à ses précédentes recherches sur « Les Juifs et l’Allemagne » ou sur la « Critique de la Barbarie moderne », Enzo Traverso publie un essai sur Auschwitz et les intellectuels, intitulé L’Histoire déchirée. Partant d’une typologie des attitudes intellectuelles face au désastre, il distingue à grands traits ceux qu’il appelle « les […]