Dans une tribune parue dans Le Monde du 3 mai, des intellectuels allemands distingués (dont Jürgen Habermas, Gunther Grass et Wolf Biermann) interpellent leurs « amis français ». Ils les exhortent d’approuver le traité constitutionnel. Bienvenus dans le débat français, nos amis allemands semblent bien mal informés de son contenu. Sans doute est-ce la conséquence […]
Nation, nationalité, nationalisme
Critique marxiste et sociologies critiques
Il faut tout d’abord se féliciter de ce dialogue entre des universitaires se réclamant, à un titre ou à un autre du marxisme critique, et des représentants de la sociologie critique. Il est même surprenant que cette rencontre intervienne si tard, puisque nous nous sommes, depuis quelques années, retrouvés pour la plupart engagés dans des causes communes […]
Il y a un mystère Jeanne d’Arc
Le philosophe Daniel Bensaïd a eu un « coup de foudre » pour Jeanne d’Arc, à qui il a consacré un ouvrage. Insubordonnée, transgressive, dotée d’un sens politique étonnant, Jeanne, dit-il, était anachronique. Politis : Pourquoi vous êtes-vous intéressé à Jeanne d’Arc ? Daniel Bensaïd : J’ai d’abord été touché par une énigme Jeanne d’Arc… […]
Autour de la crise de l’État-nation
Dérades : Depuis son émergence à la fin du XVIIIe siècle, l’idée moderne de nation fait l’objet des interprétations les plus contradictoires. Notre époque n’est pas en reste puisqu’aujourd’hui cette même idée désigne pour les uns le seul cadre possible de résistance démocratique à la globalisation marchande, et pour d’autres la source de toutes les […]
Le fond de l’air est rouge
Entretien réalisé par l’hebdomadaire L’Opinion indépendante de Haute-Garonne à l’occasion de la sortie de Lionel, qu’as-tu fait de notre victoire ? Opinion Indépendante : « A gauche, hélas… À gauche, malgré tout. » écrivez-vous à propos de votre vote en faveur de Jospin aux dernières législatives. Mais l’extrême gauche n’est-elle pas vouée à être toujours […]
Ni Seigneurs, ni maîtres
Sous-titré, en référence explicite à Flaubert, Une Éducation politique, le livre de Debray nous entraîne dans les labyrinthes des pouvoirs, hantés par les figures tutélaires de l’auteur : Fidel, le Che, Allende, Mitterrand, sans oublier le spectre de De Gaulle… Un lent travail de désillusion et de désenchantement à travers une chronique du présent à la manière des grands mémorialistes (Retz, Saint-Simon, Chateaubriand, Malraux). Il ne s’agit pas d’une histoire historienne, plutôt d’une initiation. Mais d’une initiation à quoi ? En tournant ces pages, Debray ne manifeste aucun regret. D’une plume talentueuse et intelligente, il prend ses distances, jouant habilement de la fausse naïveté et de la vraie roublardise, tout en nous alertant contre la confusion entre le dédoublement et la duplicité. Sans renoncer à des engagements ponctuels (mouvement gréviste de décembre, Chiapas, contre le procès Ochoa à Cuba et la guerre du Golfe), il se consacre désormais en priorité à la médiologie ou connaissance des médias (le premier numéro des Cahiers de médiologie, revue qu’il anime, est paru chez Gallimard).
Les nations entre cosmopolitisme et internationalisme
« Le Nouvel Observateur » : Quelle est la valeur de gauche qu’il faudrait selon vous promouvoir d’urgence ?Marguerite Duras : La lutte des classes.« Le Nouvel Observateur » : Pardon ?Marguerite Duras : À part rétablir la lutte des classes, je ne vois pas…(Nouvel Observateur, 2 avril 1992) Une légende tenace veut que la […]
L’aventure des « citoyennetés en Révolution »
À distance des bruits et des fanfares du Bicentenaire, 93 sera peut-être l’occasion d’une réflexion intempestive sur la Révolution française. La parution des livres d’Olivier Le Cour Grandmaison et de Florence Gauthier permet d’engager sur des bases claires et argumentées un débat dont les enjeux sont éminemment actuels. Olivier Le Cour explore à travers les […]
Notes sur la question nationale
1. La question nationale est un vieux casse-tête du mouvement ouvrier. On reproche souvent aux marxistes leur manque de réflexion ou leur retard à ce sujet. La littérature, pourtant, est abondante. La difficulté est sans doute ailleurs : dans l’écartèlement entre une « théorie » générale introuvable (qui tend au formalisme abstrait) et une politique […]
Pas coupable, mais responsable…
Sous le titre « La République n’est pas coupable », Jean-Pierre Chevènement intervient dans la controverse sur le rapport entre l’État français et le régime de Vichy, relancée par le fleurissement présidentiel (« geste malencontreux », selon l’auteur) de la tombe du maréchal Pétain à l’île d’Yeu : « Faut-il réhabiliter juridiquement Vichy pour mieux […]