Mémoire

Le marranisme, un internationalisme réinventé

Claude Corman : Dans son introduction à ce numéro sur la transmission, Emmanuel Renault écrit : « Longtemps les mouvements d’émancipation se sont nourris de la mémoire vivante des soubresauts révolutionnaires. Le XIXe siècle commença par entretenir la tradition de 1789 et de 1793, puis il entretint celle de 1848 et de 1871 ; le […]

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Jeanne d’Arc, affaire non classée

Le personnage de Jeanne excède ses représentations. Entre histoire et mémoire, entre le témoignage des archives et le travail du mythe, il cristallise les attentes toujours recommencées du présent. Nos passions collectives viennent périodiquement s’éprouver à son miroir. Pourquoi tant de visages et de métamorphoses ? Figure des temps de transition et de dérèglement, où […]

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Temporalité du jugement

« Ce dont la justice avait à connaître pour la première fois, c’était des crimes commis près d’un demi-siècle auparavant. » Gêne à voir dans le box de vieux messieurs répondre de crimes commis par les jeunes hommes qu’ils ont été. « On reconstituait à grand-peine, à travers un demi-siècle, un temps disparu pour décider […]

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Ni Seigneurs, ni maîtres

Sous-titré, en référence explicite à Flaubert, Une Éducation politique, le livre de Debray nous entraîne dans les labyrinthes des pouvoirs, hantés par les figures tutélaires de l’auteur : Fidel, le Che, Allende, Mitterrand, sans oublier le spectre de De Gaulle… Un lent travail de désillusion et de désenchantement à travers une chronique du présent à la manière des grands mémorialistes (Retz, Saint-Simon, Chateaubriand, Malraux). Il ne s’agit pas d’une histoire historienne, plutôt d’une initiation. Mais d’une initiation à quoi ? En tournant ces pages, Debray ne manifeste aucun regret. D’une plume talentueuse et intelligente, il prend ses distances, jouant habilement de la fausse naïveté et de la vraie roublardise, tout en nous alertant contre la confusion entre le dédoublement et la duplicité. Sans renoncer à des engagements ponctuels (mouvement gréviste de décembre, Chiapas, contre le procès Ochoa à Cuba et la guerre du Golfe), il se consacre désormais en priorité à la médiologie ou connaissance des médias (le premier numéro des Cahiers de médiologie, revue qu’il anime, est paru chez Gallimard).

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Ni Roi, ni Dieu, ni maître

Le bourreau prétendait qu’il était impossible de séparer une tête d’un corps qui était absent, qu’il n’avait jamais encore fait un pareil travail et que ce n’était pas à son âge qu’il allait commencer.

Le Roi prétendait que tout ce qui a une tête peut être décapité, et que tout le reste n’était que fariboles.

La Reine assurait que si l’on n’arrivait pas à une solution immédiate, elle ferait décapiter tout le monde (ce qui expliquait l’air consterné de toute l’assistance).

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles.

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Le passé, enjeu au présent…

Antoine Artous : Ton livre, Moi, la Révolution, a souvent été présenté comme un pamphlet politique et commenté comme tel. Je voudrais faire porter la discussion sur un autre aspect, pas ou peu discuté. Celui que tu as indiqué lors d’une émission de Polack en parlant d’un livre de « philosophie populaire ». Daniel Bensaïd […]

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Terreur et consensus, de Staline à Gorbatchev

« L’histoire de la société soviétique, écrit l’historien Victor Zaslavsky, se caractérise par la succession de deux phases : une phase de révolution sociale qui s’achève à la fin des années 1950 et une autre, stationnaire (fondée sur la conservation du système), dont le début coïncide grosso modo avec l’accession de Brejnev au pouvoir. »

Aussi insolite qu’apparaisse cette périodisation de l’histoire soviétique à des marxistes révolutionnaires, elle présente l’intérêt de mettre l’accent sur un élément de discontinuité, une charnière fondamentale dans cette histoire, où viennent s’articuler stalinisme et post-stalinisme. C’est cette question qui constitue le fil conducteur de la discussion, souvent éparse et quelque peu éclectique, qu’on lira ci-dessous. Y ont pris part Daniel Bensaïd, Éric Laurent et Alain Brossat.

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Portier de nuit

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À la différence des Damnés, Portier de nuit n’est pas un film majestueux ou architectural. Chez Visconti, on sentait sous la broderie des névroses toute l’épaisseur du tissu social. Dans Lacombe Lucien même, le hasard, individuellement décisif, d’une crevaison, n’échappe pas à la reconstitution historique et sociale, minutieusement fidèle. Portier de nuit, c’est d’emblée l’onirisme. […]

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